nourrissage
Chouette effraie (Marquenterre), nuit de pleine Lune
Nouvelle soirée en compagnie des chouettes effraies. La plus jeune (sur la droite) a pris de l'assurance. Elle sort du nid et quémande sa ration de rongeurs sur la grosse branche de saules comme ses ainées.
Une nuit de pleine Lune avec un ciel bien chargé. La soirée, si magique, a failli être gâchée à mon retour : alors que je roule pour repartir chez moi, une ombre blanche passe juste devant mes yeux. J'ai failli percuter une effraie après en avoir admiré toute la soirée. Heureusement, elle a fait un brusque écart, a redressé son vol et m'a évité. Ouf !
Les cinq chouettes de la fratrie sur la même branche.
Quand les parents arrivent avec une proie, les jeunes chouettes effraies se mettent en position pour être servies en premier.
C'est parfois la baston pour récupérer un bout de campagnol.
Apport de proie. Je suis un peu loin et le flash est à pleine puissance, c'est-à-dire qu'il est réglé sur la durée d'éclair la plus longue, d'où un flou de bougé sur les vols. Dommage.
Si l'affût avait été plus proche, j'aurais été trop en contre-plongée. Je n'aurais pas eu les oiseaux en entier et la branche aurait été trop présente dans la photo.
Ça brasse au nourrissage !
Une jeune chouette vient de récupérer un micro-mammifère...
...échappe à ses congénères pour le déguster...
...et face à l'arrivée de la cadette, enveloppe sa proie de ses ailes comme un rapace diurne.
Les Jackson five !
Petit bec en chouette compagnie.
Les jeunes chuintent sans cesse. Ils réclament bruyamment et indiquent ainsi à leurs parents leur état insatiable.
Le disque facial de la chouette est presque plat comme on peut le voir sur cette photo, ceci pour une audition maximum pour le repérage des proies. Les conduits auditifs sont aussi asymétriques pour localiser parfaitement le son émis par les proies.
La plus jeune des chouettes effraies s'étire l'aile. Elle saura bientôt voler aussi bien que ses frères et soeurs.
Tiens, elle est d'ailleurs dans les branches hautes du saule.
Je ne me lasse pas de ces rencontres avec ces chouettes au visage presque humain. J'espère que vous non plus.
Bye.
Rouges-queues noirs juvéniles (Grésivaudan)
Les jeunes rouges-queues noirs sortis du nid sont voraces et vulnérables. Ils sautillent et volettent non loin du nid et sont à la merci des prédateurs à plumes et à poils. Ici, je me suis installé devant un mur de pierre sèche où j'avais aperçu des nourrissages.
Les jeunes ont disparu à mon arrivée mais une heure plus tard, tout ce petit monde était revenu.
J'ai pu repérer quatre jeunes mais je n'en ai eu que deux en même temps sur la photo. C'est grâce aux jeunes comme bien souvent qu'on repère les adultes. Les jeunes attendent leur pitance à découvert en piaillant incessamment.
Le muret en pierre sèche rappelle peut-être aux rouges-queues noirs leur origine montagnarde.
Le corps de ferme abandonné où les rouges-queues noirs ont nidifié.
Bonne chance à toi.
Chouette chevêche adulte et poussins (Marquenterre)
Cela fait plusieurs années que je suis la nidification de la chouette aux yeux d'or chez un chevêchologue passionné. Nous sommes fin juin. La femelle a pondu fin avril-début mai. Les jeunes sont déjà bien grands. Je vois le couple se poser devant moi vers 20H30 à proximité du nid. La lumière est encore très vive et les chouettes chevêches prennent un bain de soleil. Je ne fais pas de photo car leur plumage est "grillé" par le soleil. Au bout d'une demi-heure, les deux chouettes disparaissent. J'attends. Aux environs de 22H, toujours rien. Je commence à ranger mon matériel. J'ai connu de nombreux affûts à la chevêche qui n'ont rien donné. Mais à 22H, waouh! une adulte vient se poser avec un campagnol entre les serres. On peut voir que la chevêche a brisé l'échine du rongeur. Une autre habitude est de décapiter sa proie avant de l'apporter aux jeunes (j'ai pris une telle photo l'an passé). Je suis tellement excité que je ne vois pas dans un premier temps la proie, obnubilé que je suis par le regard de la chevêche.
La chouette chevêche dans l'un des ses biotopes de prédilection : les prairies bordées de saules taillés en têtard qui lui offrent des cavités de nidification.
Je ne repère le campagnol que lorsque la chouette prend sa proie dans son bec. La chouette chevêche est d'une aide précieuse pour le monde agricole car elle élimine un nombre considérable de rongeurs qui détruisent les cultures.
Il est 22Hh15. Je n'ai vu la chouette qu'à deux reprises mais je m'en vais le cœur léger.
Dur, dur le réveil ! Il est 5h30 le lendemain matin et je repars à l'affût. Aurai-je de la chance? Sur la route, je m'arrête devant une ferme. Un canard de barbarie est perché sur le portail d'entrée. Regardez-bien le panneau. Si avec ça la ferme n'est pas bien gardée!
Je me dis que cette matinée ne sera pas un calvaire, qu'elle va me sourire.
Moi mécréant, je serai entendu! Alléluia !
Effectivement, quelques minutes après mon installation dans l'affût, la chevêche arrive. Elle sait que je suis là mais tolère ma présence. Pour info, l'affût est installé depuis plusieurs semaines, ce qui facilite la vie de l'observateur et du photographe.
Le bec est encore rouge du dépeçage d'une proie.
Le jour se lève dans les graminées. Je me mets à rêver de l'apparition d'un renard ou d'un sanglier mais le propriétaire des lieux risque de me faire une crise de jalousie. Ouf ! Pas une truffe ni un groin à l'horizon.
Tout d'un coup, la chouette apparaît dans le contre-jour dans une autre ouverture de l'affût. Un pinson des arbres chante sur le poteau d'à côté ! La chouette peut pourtant chasser les passereaux quand les rongeurs et les insectes viennent à manquer. C'est assez incroyable car dès que la chouette se met à découvert, tous les petits passereaux, les merles et les grives alarment et viennent la houspiller.
Celui-là n'est visiblement pas impressionné par le prédateur.
On peut dire que cette chouette chevêche est très coopérative et très compréhensive avec moi. Je retire mon téléobjectif d'une ouverture pour le faire ressortir par l'autre. Elle voit tout le manège, elle n'est qu'à 5 m de moi, et elle ne bouge pas d'une plume !
Dire que je n'arrive pas à prendre un merle qui alarme en photo car il détecte le moindre mouvement du téléobjectif et s'enfuit au premier mouvement ! Bon, entre nous, je préfère quand même, à choisir, pouvoir faire une photo de la chevêche que du merle !
Sur cette photo, on a du mal à reconnaître notre oiseau. Sa tête paraît minuscule et ressemble à une poule ou à une perdrix !
Quelque chose dérange la chouette chevêche qui alarme sans cesse. Elle regarde fixement dans mon dos et pousse des cris. Peut-être communique-t-elle avec un jeune (déjà volant, mais je raconterai ça ultérieurement) ?
Le regard qui tue!
Une grande partie du temps est consacré au toilettage. Il permet d'éliminer les parasites. Un plumage bien propre assure aussi une bonne qualité de vol et donc de chasse.
La chevêche se rapproche de plus en plus de moi et regarde dans ma direction. Je suis à la distance minimale de mise au point (4,50 m). Elle sait parfaitement que je suis là et pourtant...
Ci-dessous : des serres acérées qui ne laissent aucune chance à ses proies.
Encore une attitude différente de notre chouette qui lui donne un visage inhabituel.
La chevêche revient sur la gauche de l'affût. Je remanipule mon objectif pour le faire ressortir par l'autre ouverture : aucune réaction. Je n'en reviens toujours pas !
La chouette en position d'envol.
La chevêche dans son biotope : les saules taillés en têtard.
Le propriétaire des lieux pénètre en voiture dans la pâture. Aujourd'hui, il va nettoyer le nichoir. En effet, les chouettes chevêches ne sont pas un modèle de propreté et leur nid est fortement insalubre. Les excréments et les cadavres de proies s'y empilent, ce qui augment des chances de maladies. Dans la nature, les chouettes fonctionnent ainsi mais les chevêchologues ont pu constater que le nettoyage des nids n'avait pas pour conséquence l'abandon de la nichée par les adultes. Autant donc mettre toutes les chances du côté des chouettes pour favoriser la reproduction de ce rapace nocturne dont les effectifs chutent en raison de la perte de son habitat.
La chouette attend le dernier moment avant de quitter les lieux. La voiture s'approche du nid, la chouette s'envole.
Je voulais rendre un hommage à Pascal, le propriétaire des lieux. Même s 'il n'est pas très beau, je voulais mettre une photo de lui sur le blog. Dame nature ne l'a physiquement pas gâté, mais il mérite un minimum de notoriété. Grâce à des naturalistes comme lui et à des agriculteurs-éleveurs concernés, l'habitat de la chevêche peut perdurer. Haies préservées, saules taillés en têtard, élevage bovin extensif, pâtures et zones humides, le biotope permet à a chevêche de rester dans notre région. Un grand merci donc à tous les amoureux de la nature qui travaillent au quotidien pour que la faune et la flore subsistent.
Retrouvez ici le reportage de France 3 Picardie diffusé en 2013 sur la publication du livre de Pascal sur la chouette chevêche.
Pour la petite histoire, c'est la surprise à l'ouverture du nichoir : pas de jeunes ! Il ne reste que quelques proies décapitées. Comme vous pouvez le voir, c'est un nichoir artificiel avec système tubaire anti-prédation par les mustélidés (fouine et martre adorent visiter les nids). Nous cherchons au sol : rien ! Dans les arbres alentours : rien. Nous sommes très déçus car nous craignons qu'un prédation ait eu lieu pendant la nuit. Finalement, j'apprendrai quelques jours plus tard que les jeunes étaient déjà volants et éparpillés dans les arbres du coin. Nous ne les avions pas vus à l'ouverture du nichoir.
Après l'envol des jeunes, les adultes ont utilisé le nichoir comme garde-manger. Je croyais à la continuation du nourrissage alors que les jeunes étaient déjà partis.
Nous sommes vraiment contents car les années passées, les jeunes ont été prédatés par un chat ou un chien d'une ferme voisine. En effet, les jeunes chouettes chevêches ne savent pas voler à leur sortie du nid. Elles se cachent dans des souches ou dans un nichoir artificiel disposé au sol exprès pour eux, puis montent aux arbres avec leur bec et leurs serres.
En désespoir de cause, nous nous rabattons sur un deuxième nichoir artificiel situé à moins de 100 m du premier et là, surprise! Un autre couple y a élu domicile sans que l'on s'en soit aperçu. Surtout, il y a 3 poussins non-volants.
Et heureusement pour moi, il y a d'autres gens plus photogéniques !
Nous disposons les jeunes pendant le nettoyage dans une souche creuse pour la photo. Problème : ils sont quand même apeurés et nous tournent le dos. C'est là que Pascal intervient et réussit dès le premier coup : les jeunes chouettes restent là à fixer l'objectif ! Mais comment fait-il ? Mystère! L'homme qui savait parler aux chouettes chevêches !
Heureusement, des beaux gosses sont venus prendre la pose.
La chouette chevêche prend un bain de soleil dans la fourche près du tronc (à droite). Immédiatement, tous les merles du coin la houspillent et lui foncent dessus (merle noir à gauche sur la branche). Elle tiendra 5 mn puis, de guerre lasse, ira voir ailleurs à couvert.
Bye, petite chevêche!
Martin-pêcheur (Ardennes)
Retour dans les Ardennes sur l'affluent de la Meuse où j'ai repéré un terrier de martin-pêcheur. Pour la première fois, je vois la femelle nourrir. Je voulais une photo remettant le martin en son royaume. Pour cela, j'ai mis sur trépied mon appareil photo avec une focale plutôt courte (70 mm). J'ai placé ce dispositif à 1 m environ du perchoir du martin et j'ai placé sur la boîtier un déclencheur à distance. En effet, je n’aurais jamais pu me placer sous affût à une si faible distance (pas en tout cas en étant sur place quelques heures comme c'était mon cas). Le martin aurait été effrayé par cette grosse masse nouvellement arrivée dans le paysage. Mais avec ce petit dispositif, il ne m'a pas fallu attendre plus de 10 mn pour que la femelle se perche. Je suis installé dans mon affût à une dizaine de mètres. Quand je déclenche, la femelle sursaute un peu puis s'habitue. Bingo!
C'est quand même le mâle qui vient nourrir le plus souvent. Mon rêve serait d'être présent quand les jeunes sortiront du nid mais cet endroit est bien trop loin de chez moi. Une prochaine fois peut-être?
Bye Martin et Martine.
Cigognes blanches (Marquenterre)
Nourrissage sur un nid de cigognes blanches. Les adultes régurgitent la nourriture dans le gosier des cigogneaux.
Les jeunes cigognes attendent leur pitance. A mon arrivée, les cigogneaux étaient seuls au nid.
Les adultes se sont après relayés : dès qu'un adulte revenait de chasse, l'autre repartait immédiatement en quête de nourriture. L'autre adulte restait en présence des jeunes en attendant la relève.
Portrait de cigogne adulte.
Pic épeiche (loge et nourrissage, Marquenterre)
En cette fin mai, un ami me rencarde sur une loge de pic épeiche sise dans le jardin d'un voisin. Les jeunes (deux je pense) sont déjà bien grands. Ils passent la tête en dehors de l'ouverture et réclament bruyamment manger. A intervalles réguliers, les parents viennent apporter des vers, des chenilles, des insectes xylophages ou des larves.
Intrigué par le bruit du déclencheur, le jeune pic à la calotte déjà bien rouge pointe la tête.
Ici le mâle adulte avec sa nuque rouge (un peu difficile à deviner de profil).
Les jeunes pics épeiche travaillent l'ouverture de la loge faite dans ce peuplier. On peut voir que le bois est entamé en bas du trou.
Séance de gavage : les adultes insèrent profondément leur bec dans la gorge de leur progéniture.
Ici la femelle adulte (dépourvue de nuque rouge).
Comble du bonheur, j'ai affûté un jour de rallye automobile. Les roues crissent, les moteurs vrombissent, ça pétarade de partout. On se croirait à l'ouverture de la chasse... A chaque détonation de pot d'échappement, les jeunes pics apeurés retournent dans la loge mais la curiosité et la faim les font ressortir peu après. Des gens vont et viennent à travers les pâtures et passent à côté de mon affût, pour une fois sans m'importuner...
Déjà moustachu ce jeune pic épeiche!
Moustachu et la langue bien pendue!
Grèbe huppé près d'Amiens (Somme)
Grèbe huppé tout en majesté sur un étang près d'Amiens.
Le couple qui réside ici a eu des jeunes bien avant ceux que j'ai pu vous montrer dernièrement. Je dirais qu'il y avait bien deux à trois semaine de décalage.
Je passais par là à vélo et j'ai vu à bonne distance et à bonne lumière une parade nuptiale pou la deuxième couvaison. Je pique un sprint pour chercher chez moi mon appareil photo. Las! Les ébats n'ont pas assez duré et je ne reverrai pas cette scène ce jour-là.
Avant d'arriver à saisir cette scène de nourrissage, j'ai assisté à un curieux manège.
Comme l'endroit est très passant et que je ne peux installer mon affût sous peine d'être importuné par des bipèdes, je suis en "affût voiture", c'est-à-dire l'objectif calé sur la portière de ma voiture. Les oiseaux tolèrent plutôt bien qu'une voiture, même habitée, soit proche d'eux.
Je reviens à mon propos : le couple de grèbes huppés a eu trois jeunes qui sont déjà grands mais l'un d'entre eux s'obstine à jouer les petits poussins et ne lâche pas sa mère.
Il la poursuit sans relâche avec force cris et se sert même de ses parents comme repose-cou! Parfois, être parent n'est pas une sinécure!
Alors que les jeunes foulques macroules sont déjà indépendantes, notre jeune grèbe s'évertue à ne jamais se laisser distancer d'un iota par maman. Un vrai pot de colle!
Finalement, maman revient avec le quatre-heure.
Elle prend le poisson par la tête...
...pour le porter à son jeune.
Ce dernier est déjà rompu à l'exercice.
En deux temps trois mouvements, il va gober sans autre forme de procès le poisson en l'ingérant par la tête.
Pendant ce temps-là, ses frères et sœurs mènent une vie des plus autonomes sans coller aux basques de maman.
En espérant vous proposer un de ces quatre une parade nuptiale mais ce n'est pas gagné!
Tiens, notre Tanguy a repris du service!
Attitude d'intimidation envers un autre grèbe huppé considéré comme un intrus sur cet étang.
Bye
Grèbes huppés et leurs jeunes (Boves)
Dernière tentative pour tenter de photographier de jeunes grèbes huppés sur le dos de leurs parents. Ne pouvant installer un affût sur cet étang, je décide de faire un "affût voiture", à savoir prendre des photos l'objectif posé sur la portière sans sortir du véhicule.
Les oiseaux sont sensibles au mouvement et à la station debout des humains mais tolèrent mieux une masse inerte comme une voiture.
Bon, le résultat n'est pas très probant mais les grèbes sont tout de même un peu moins au centre de l'étang. J'ai dû néanmoins fort recadrer ces photos pour vous montrer le nourrissage des jeunes.
Petit retour en arrière : j'ai pu aller 4 jours de suite de bon matin vérifier l'état d'avancement de la couvée. Un jeune était sorti de l’œuf et les parents couvaient sur le nid en tolérant ma présence. Lors de ma dernière venue, dès mon arrivée, départ du nid et pour cause : deux poussins sont nés et ont été emmenés illico au centre de l'étang sur le dos des parents.
Position acrobatique pour le nourrissage.
Le poussin le plus âgé se risque à descendre du dos de l'adulte pour chercher sa nourriture.
Nourrissage sur le dos de l'adulte.
Scène comique : quand l'adulte s'ébroue, tout le monde descend d'un étage et prend le bouillon!
Il faut se débrouiller et nager, rattraper l'adulte pour retourner au sec.
Bye.
Pic noir (Dans une forêt de Thiérache, Aisne)
Aujourd'hui, rencontre avec un oiseau emblématique de nos forêts : le pic noir.
Le lieu de rendez-vous est le même. Le couple a réutilisé la même loge de nidification. Le pic noir, oiseau de la taille d'une corneille, construit plusieurs loges dans des arbres sains de grosse circonférence (ici un hêtre) à la différence du pic épeiche qui choisit des arbres morts plus tendres à perforer.
La même loge peut servir plusieurs années. Le mâle agrandit et retravaille l'entrée avant la saison des amours. C'est in fine la femelle qui choisira la loge de son choix.
Coup de chance pour moi, c'est la même loge qui a été retenue. Moi, je suis au balcon pour assister au spectacle!
Cette année, trois jeunes ont vu le jour. Et comme le dit l'adage, mieux vaut les avoir en photo qu'en pension!
Petit jeu de miroir. (Regardez les fourmis sur le plumage du pic noir femelle : les restants d'une razzia dans une fourmilière).
Je vous propose un résumé d'une matinée d'affût. Je n'ai que des photos dans le même axe car il m'était impossible de voir les pics en dehors de cet angle de prise de vue.
Rendez-vous est pris à la fin du mois de mai, jour pour jour un an après ma dernière venue. L'an passé, j'avais eu de la chance : j'étais venu le dernier jour de nourrissage à la loge. J'avais dû attendre quasiment 6 heures pour deux nourrissages. Les jeunes criaient famine mais il y avait une raison : les parents les incitaient par la faim au premier envol auquel j'ai assisté.
Cette année, l'hiver long et rigoureux et un printemps froid et pluvieux ont retardé de plusieurs jours la faune et la flore.
Ainsi, en ce matin de printemps, et bien après les saintes glaces, je dois gratter le pare-brise de ma voiture! Ce n'était pas prévu! Je pars à 5h pour arriver dans la pénombre à mon affût installé la veille. Pénombre toute relative car il fait déjà bien jour.
Je suis installé à 5h30. Premier nourrissage à 6h28 par la femellle dont on voit bien le haut du crâne rouge (ci-dessus).
6h54. C'est au tour du mâle de venir nourrir. La calotte rouge descend bien sur la nuque.
Le pic noir est un grand oiseau qui fait la taille d'une corneille noire. Les jeunes sont déjà bien marqués sexuellement. Les jeunes mâles ont déjà le haut de la tête plus marqués de rouge.
Après le départ de l'adulte, les jeunes restent quelques secondes à la lucarne puis rentrent dans la loge. Quand ils seront plus grands, ils garderont leur tête sans cesse au dehors et appelleront leurs parents en quête de nourriture.
7h20 : c'est à nouveau Monsieur qui vient le bec chargé de larves, d'insectes et autres fourmis. Les conditions photographiques sont meilleures que l'an passé où j'avais dû attendre la fin de matinée pour faire des photos. La lumière était très dure et il était difficile de faire un bon compromis entre le noir du plumage de l'oiseau, le tronc assez clair et l'arrière plan végétal.
Un gavage digne d'un canard du sud-ouest!
On peut voir les restes de larves sur le plumage du mâle. Son bec en est aussi rempli.
Un drôle de french kiss! Et je peux vous assurer qu'il met la langue!
Petite inspection pour voir si la chambre est bien rangée. On voit bien comment le pic prend appui avec sa queue sur la tronc.
7h29 : la femelle vient à la loge. Tout ceci se fait dans le plus grand silence. Je ne réalise l'arrivée des adultes que par les cris d'excitation des jeunes. Notez aussi les griffes parfaitement adaptées qui permettent de s'accrocher à un tronc pourtant lisse.
Le chant du pic noir est très reconnaissable.
Avec l'augmentation de l'intensité lumineuse, on voit apparaître des nuances de couleur roussâtre sur la queue du pic.
8h00 : nouveau nourrissage du mâle. Les nourrissages durent en moyenne entre 1 et 2 minutes.
8h15 : la femelle vient nourrir à son tour. Regardez la longueur de la langue qui pointe du bout du bec!
La femelle passe de nombreuses minutes sur le tronc en contrebas de la loge. Qu'attend-elle?
Elle replonge à l'intérieur pour ressortir avec une belle fiente de taille très honorable dans le bec. Les jeunes de défèquent pas vers l'extérieur du nid comme d'autres espèces d'oiseaux. Pour garder le nid salubre et éviter que des prédateurs type martre puissent localiser le nid en repérant des traces de fiente en bas de l'arbre, les parents emportent au loin les excréments.
9h01 : nourrissage du mâle. Ouf! En fait, il y a 3 jeunes. Je n'en avais vu que deux passer la tête mais un troisième larron est là. Il doit se battre pour sa pitance!
Y'a quelqu'un? Quand est-ce qu'on mange?
9h34 : nourrissage de la femelle dont le plumage grouille de fourmis! Comme les piverts, les pics noirs aiment bien donner un coup de bec dans la fourmilière!
9h36 : la femelle recommence son manège sur le tronc. Elle chante et à chaque vocalise, son plumage s'écarte un peu au niveau des ailes.
Encore une opération ménage des toilettes!
Décidément, ce sont les femmes qui s'occupent des tâches ménagères ingrates même chez les pics noirs! Ceci dit, des ornithologues qui suivent ce couple m'assurent que c'est le mâle qui s'est occupé de couver la plupart du temps. Ouf!
10h17, le mâle vient nourrir sa progéniture. J'attends qu'il soit parti et je replie en vitesse mon affût. Avec de la chance, ils réoccuperont cette loge l'an prochain. Alors, bonne chance aux jeunes et à l'année prochaine!