chouette cheveche

A l'issue d'un affût chevêche, je range ma tente et je découvre en sortant une magnifique pleine lune. Je me dis que ce serait bien d'avoir la chouette qui se découpe dedans. Ouh là, là voilà qui est perchée en haut d'un de ses arbres favoris. Je contourne l'arbre à 50m environ mais elle décolle alors que je m'apprête à être dans le même axe que la lune et la chouette. Bon, je remonte mon affût en misant sur le coup de bol. J'ai à peine le temps de faire mes réglages que la revoilà postée ! Quelque chose l'ennuie dans la pâture voisine et elle alarme dans la même direction depuis au moins 1 heure. Peut-être un prédateur de type chat ou chien ?

La mise au point est forcément manuelle car l'autofocus ne suit plus depuis longtemps malgré le "contre-nuit". Je fais une première mise au point, la chouette arrive ! Elle n'est pas pile poil dans l'axe mais c'est un vrai coup de bol sous affût fixe car la course de la lune est rapide. Je fais une vérification de la mise au point avec le live view (avec l'écran lcd) et il me manque un poil de netteté. Le temps de faire la mise au point et voilà la chouette déjà  repartie. Un beau moment quand même !

Les merles et les grives houspillent sans cesse la chouette chevêche au crépuscule. Cela annonce son entrée en chasse.

Je suis revenu le lendemain pour tenter d'avoir la chouette dans la lune rousse mais c'est ce jour-là que j'ai découvert une plumée de poussin au pied du nid. L'adulte mâle est arrivé très tard, vers 22h00 et ne s'est pas perché sur son arbre mort favori. Heureusement, il y a eu de nombreux apports de proies, ce qui me laisse penser qu'il y avait encore au moins 2 jeunes dans la cavité.

Continuation du suivi d'un couple de chouettes chevêches dans la Somme. Plusieurs jeunes sont nés. Les parents viennent les nourrir à partir de 21h30 le soir jusqu'à 11h le matin (je ne pense pas qu'ils nourrissent tout au long de la nuit mais ceci montre le comportement plutôt diurne de la chouette chevêche).

Comme j'avais plus de lumière et donc de vitesse le matin, j'ai eu de la chance à double titre : que mon autofocus accroche quand l'adulte est sorti du nid et qu'il file dans ma direction.

Un reposoir habituel d'où le mâle chante pour maintenir le contact avec ses jeunes qui chuintent dans la cavité. C'est typique du biotope de la chevêche en Picardie : des vieux pommiers, des pâtures liées à l'élevage. Tout un monde en voie de disparition malheureusement...

Nourrissage du soir. J'ai pu voir des apports de campagnols, de lombrics et de coléoptères. Les adultes entrent en chasse après avoir été copieusement houspillés par les merles et les grives.

Les jeunes sortent régulièrement la tête hors de la cavité pour inspecter les alentours et découvrir le monde. Un monde potentiellement dangereux. Il y a déjà les vaches qui les écraseraient sans même sans rendre compte. J'ai disposé une boîte au pied de l'arbre pour que les poussins nidifuges et non-volants puissent se cacher en journée(merci Pascal). Il y a aussi les chats, les chiens, les corvidés, les mustélidés, les buses et autres hulottes. Bref, le début de la vie est plus que périlleux.

Les adultes veillent aux abords du nid pour chasser les intrus.

Nourrissage matinal. La lumière est dure mais sans flash, je n'aurais pas pu figer cette scène prise au 1/4000ème de seconde.

De vrais gloutons !

Avant de sortir du nid, l'adulte inspecte pendant de longues secondes s'il n'y a pas de danger. Il est rare que les adultes rentrent dans la cavité en cette période car il y a plusieurs jeunes déjà bien dodus à l'intérieur.

Bon, pour finir cet article un mauvaise nouvelle : j'ai retrouvé récemment une plumée de poussin de chevêche au pied de l'arbre. Cela ressemblait à une attaque d'épervier. Il reste encore des jeunes mais la venue au monde est loin d'être bucolique pour ces petites boules de plumes...

Allez, une petite dernière pour la route.

Les chouettes chevêches nourrissent leurs jeunes actuellement. Elles aiment se positionner sur des perchoirs réguliers d'où elles fondent sur des proies comme des coléoptères et des campagnols.

Chouette chevêche dans son habitat typique de Picardie : une pâture avec de vieux pommiers creux. Un biotope en voie de disparition...

Je n'étais pas retourné depuis le mois d'août dans cette pâture à chevêche. 3 jeunes étaient nés en mai. En ce début novembre, à ma grande surprise, il en reste encore un, peut-être le plus jeune de la fratrie, qui chuinte et appelle ses parents. Ceux-ci ont répondu à ses appels mais je n'ai vu aucun nourrissage. Voici ci-dessus celui que je pense être l'adulte mâle.

Une photo que je rêvais de faire et qui est devenue réalité : j'avais pu observer les chouettes chevêches dans les pommiers en fleurs et j'espérais les voir dans le même écrin une fois les fleurs devenues pommes. Quelle émotion quand la chouette s'est posée entre les fruits ! N'est-elle pas aussi appelée chouette des pommiers? Ce sont ces vieux pommiers remplis de cavités qui lui permettent de nicher.

Le couple est bien présent dans la pâture et je n'entends plus qu'un jeune sur les 3 de la couvée. Les autres sont peut-être plus discrets ou bien déjà partis en quête d'autres territoires.

Juste avant mon départ, un des adultes fonce dans ma direction, survole ma tente affût à moins de 1 mètre et va se percher dans un arbre quelques dizaines de mètres plus loin. J'observe ces chouettes depuis plusieurs mois sans me lasser. C'est la première fois que j'en vois une d'aussi près. Wouh !

Jeunes chouettes chevêches attendant leur repas de début de soirée. Elles quémandent toujours et commencent à imiter d'une voix éraillée des chants des adultes. Leurs parents leur apprennent sûrement déjà à chasser, puis les chasseront à leur tour à l'automne. Les jeunes se disperseront, souvent à quelques kilomètres tout au plus de leur lieu de naissance en quête d'un nouveau territoire. A peine la moitié survivra la première année...

Ambiance vespérale dans la pâture aux vieux pommiers. 

Les 3 jeunes sont volants mais se font toujours nourrir par les adultes. Toute la famille reste cantonnée dans cette petite pâture. Les jeunes commencent à chuinter à partir de 21h00 mais les nourrissages commencent une bonne heure après.

Sûrement le dernier affût de la saison avec les chevêches. Les adultes sont actifs dès mon arrivée à 20h. Ils ne nourrissent pas encore mais se manifestent souvent auprès des jeunes en chuintant. Les jeunes chuintent aussi mais j'ai l'impression qu'ils ont quitté la cavité qui les a vu naître.

C'est bien le cas. J'ai positionné mon affût devant la loge où ils sont nés mais les poussins se sont dispersés. J'en repère un dans un pommier voisin. Il chuinte bruyamment et bouge en sautillant de branche en branche. Le pommier est distant d'une bonne demi douzaine de mètres de la loge et le jeune est à 2,50 m de hauteur environ.

Même en déclenchant au silencieux à une quinzaine de mètres, il m'entend et me fixe. Vous le voyez?

L'adulte vient nourrir au creux de la fourche, presque à l'abri de mon regard.

En pleine phase de chasse à l'affût.

Le jeune chuinte.

Pour la petite histoire, j'attends depuis des années une belle image de jeunes chevêches se papouillant. Et bien ça ne sera pas pour cette année ! Ces garnements se sont bien réunis mais à l'autre bout de la pâture sous un fil de fer barbelé ! Grr... Je suis déjà bien content d'en avoir vu car hormis un nettoyage de nichoir, je n'avais jamais vu de jeunes chouettes chevêches en situation naturelle.

Et pour finir ce poussin qui choisit de se percher sur les barbelés. Etonnant qu'il puisse s'agripper sur un tel support. En tout cas, il n'a aucun sens de l'esthétique ! Ha, ha !