Grande aigrette, martin-pêcheur, grèbe castagneux (vallée de l'Hallue)
Rencontre avec un oiseau d'une rare élégance : la grande aigrette. Partiellement migratrice dans l'hémisphère nord, c'est la première fois qu'elle fait son apparition cette année sur cet étang en cette mi-septembre. Peut-être est-elle simplement de passage ou bien alors l'hôte de tout un hiver.
Ce matin-là, j'étais revenu pour mon martin. En regardant le reflet des arbres danser sur l'eau de l'étang, j'aperçois un oiseau dont l'envergure ne laisse pas place au doute. Je lève les yeux et à une trentaine de mètres de hauteur, je découvre dans la paleur du jour naissant une grande aigrette juchée à la cime d'une arbre.
Elle est apparue quelques minutes après que j'ai installé mon affût, il était moins une. Elle devait être tiraillée par la faim car elle est vite descendue faire une visite aux poissons du coin.
Après quelques prospections au ras de l'eau, elle étire son long cou, reste figée puis s'envole pour faire un bond de quelques mètres. Il est tôt et je ne dispose que de peu de vitesse (1/500ème à F/4), juste de quoi figer la tête et laisser les plumes "s'évaporer".
J'ai alors l'intuition que la prise ne sera pas du genre alevin.
C'est un gardon de belle taille dont elle s'est saisie. Avec son bec en forme de forme de poignard, la grande aigrette laisse peu de chance de survie au poisson.
L'aigrette avale tout rond le gardon sans autre forme de procès. Son long cou longiligne se détend, se déforme pour laisser passer cette énorme proie qui est peut-être encore vivante et qui sera digérée telle quelle avec écailles et arêtes. Il faut avoir un sacré estomac!
Ce surplus de poids n'empêche pas notre aigrette de s'envoler tout de go chercher une autre pitance. C'est assez remarquable car le poids de notre oiseau est de 1kg.
La beauté de ses plumes nuptiales a failli avoir raison de son existence au début du XXème siècle. Elles étaient très prisées pour l'ornementation des chapeaux des dames. (http://www.oiseaux.net/oiseaux/grande.aigrette.html (Source oiseaux.net)
Aujourd'hui, elle est plus menacée par la raréfaction de son habitat (zones humides) et par les pesticides agricoles.
Petite toilette.
Je suis fasciné par le port altier des grands échassiers comme les hérons cendrés et les grandes aigrettes dont le nom vernaculaire est bien souvent "héron blanc".
Une autre technique de chasse : rester immobile durant de longues minutes et transpercer la proie qui passe. Les échassiers agitent aussi une de leurs pattes dans la vase pour débusquer les petits poissons.
Ces torsions de cou forcent toujours mon admiration. Pour tout dire, je les envie mais je me garderais bien d'essayer de les reproduire sous peine d'arrêter ce blog!
Une belle envergure pouvant aller jusqu'à 145cm pour une hauteur maximum de 104cm. La grande aigrette est le plus grand des hérons (et des aigrettes).
C'est étonnant. On dirait que l'on a pas affaire au même oiseau. Quelle différence entre ce cou fin comme un tuyeau d'arrosage et les photos précédentes où les plumes gonflées lui donnent un aspect bien plus massif.
Le regard de face est assez saisissant.
La pureté de plumage blanc est aussi un défi pour la photographie. Dès que la lumière devient un peu plus dure, le blanc "claque" et il faut sous-exposer avec pour contre-partie un arrière-plan souvent bien sombre.
Je trouve toutes les phases de vol sublimes.
J'espère que ce n'est pas trop indigeste pour vous!
Un exemple de photo où l'équilibre entre le soleil qui tape en plein sur le blanc du plumage et l'arrière-plan sous-exposé est assez osé. Je laisse le cliché car j'ai voulu faire ressortir l'aigrette comme une tache de lumière.
C'est incroyable la façon dont les rémiges se détachent en phase de vol.
Telle Marilyn en robe blanche sur une bouche de métro...
Tiens, je ne l'attendais plus celui-là!
Grèbe castagneux sur un "mer d'huile" ou plutôt qui fend des eaux reflétant les dernières couleurs automnales.
Comme le héron cendré juvénile que j'avais pu observer début septembre, notre aigrette s'est acharnée sur des petits bouts de bois qu'elle attrapait puis rejetait dans l'eau.
Vous pouvez peut-être voir le bout de bois en question en équilibre dans l'air sur la gauche avant de retomber à l'eau. Si quelqu'un peut me fournir une explication...
Allez, une dernière série en vol tout proche de moi. Les dernières journées de soleil écrasent de lumière notre aigrette. Il est temps pour moi de plier les gaules.
L'aigrette m'a fait l'honneur de sa compagnie toute la matinée. Je suis bien obligé de sortir de mon affût. Je sors bien camouflé. Elle ne me voit pas. Ce n'est que lorsque je commence à me déplier qu'elle s'envole...
...pour aller se poster tout en haut. Pas bien grave : le gardien des lieux m'a assuré l'avoir revu dès le lendemain.
À bientôt, donc.