hutte de castor

Cela fait des mois (si ce n'est des années) que je cherche à localiser un terrier de martins-pêcheurs. À l'occasion d'un déplacement dans les Ardennes, je furète le long d'un affluent de la Meuse. J'aperçois deux martins-pêcheurs se coursant en pleine parade nuptiale en ce début mai. Est-ce déjà la deuxième couvée étant donné que l'hiver a été spécialement clément?

Les berges terreuses de ce cours d'eau traversent une pâture. De nombreux trous ont été creusés. Normalement, on peut localiser le terrier car le trou est creusé en pente douce pour évacuer les fientes des jeunes qui se trouvent dans la loge à 1m de l'entrée du terrier.

Seulement voilà, après avoir parcouru des dizaines de mètres de berges remplies de trous divers et variés, aucun ne dégouline de fientes. Je me pose donc à l'endroit où j'ai vu les martins se courser. pendant plusieurs heures, pas grand chose si ce n'est un passage furtif. J'ai mis mon affût sur le heut de la berge et j'ai installé un perchoir qui reste désespérement vide.

Cependant mon attente sera comblée (ici une femelle reconnaissable à sa mandibule inférieure orange).

Un peu échaudé, je décide de trouver un gué plus loin pour franchir la rivière et d'inspecter de l'autre côté de la berge les terriers susceptibles d'être occupés. Incroyable ! J'étais en fait installé juste au-dessus du nid occupé et je n'avais rien vu! La femelle était en train de couver. Elle sort toutes les deux heures pour se dégourdir les ailes et rebondir littéralement sur la surface de l'eau comme pour se nettoyer (sans plonger ni pêcher) puis revient quelques secondes plus tard sur ses oeufs. C'est pour cela que l'entrée du terrier est immaculée. En revanche, une branche morte et la berge sont les témoins implacables de la présence du martin-pêcheur. Mais comment un aussi petit oiseau peut-il générer autant de fientes?!

Ici le mâle avec ses deux mandibules noires.

Berge située sous la pâture.

La femelle rentrant au nid.

De nombreux terriers ont été creusés par d'autres oiseaux que des martins-pêcheurs. Peut-être des hirondelles de rivage mais je n'en ai pas vu.

Cerise sur le gateau et peut-être un prélude à de prochaines photos : un hutte de bièvres ou castors d'Europe en amont du cours d'eau. Elle fait bien 2 m de haut! Ces rongeurs étaient présents au Moyen-Âge mais ont été chassés pour leur fourrure et par superstition. Ils ont été réintroduits (illégalement) par la Belgique et recolonisent la Meuse et ses affluents jusque dans l'Aisne. C'est un animal crépusculaire et nocturne mais que l'on peut voir de jour avec de la patience et un peu de chance. Affaire à suivre...