Chouettes effraies (Marquenterre) : belles de nuit.
Avant la tombée de la nuit, j'installe mon matériel photo dans l'affût. Je fais la mise au point manuelle sur la branche à F/22. Je bloque la bague de mise au point avec du gaffeur et je prie pour que les chouettes effraies viennent se poser là.
Je devrais presque cosigner avec Pascal (le propriétaire des lieux) les photos qui vont suivre. En effet, mon cordon pour déporter mon flash ne marche pas. Il me prête le sien ( à un prix proche de l'usure!).
L'ambiance crépusculaire est terrible : les jeunes chouettes effraies chuintent, une chouette hulotte hulule et une chouette chevêche alarme, tout ça en même temps ! C'est le royaume de la nuit et je sais que même si je ne fais pas de photos, le spectacle auditif m'aura déjà comblé.
Le chuintement des chouettes effraies est particulièrement disgracieux, voire angoissant, ce qui lui a valu son désamour et bon nombre de superstitions.
Je n'ai pas à attendre longtemps. Une jeune chouette au plumage quasi adulte vient se poster sur la grosse branche du saule.
Puis une deuxième vient la rejoindre.
Je dois bien avouer que ma "maîtrise" du flash est toute relative. En fait, je patauge complètement. J'ai essayé plusieurs photos en vol mais elles sont toutes plus ou moins floues.
Voilà la fratrie au complet : 4 jeunes déjà bien avancés sur la branche et le petit dernier qui reste pour l'instant au nichoir.
Les parents sont très méfiants. J'ai vu passer une ombre. Trop tard... Un adulte vient d'apporter une proie, un rongeur que regarde avidement la plus jeune chouette.
Dans la nuit noire, comment voir où sont les chouettes me direz-vous? Grâce à l'ingéniosité de Pascal, j'y vois comme en plein jour et pour cause : je peux actionner une lampe grâce à un interrupteur monté sur une batterie de 12 V. Les jeunes chouettes effraies ne sont pas dérangées par la lumière. Elles tolèrent aussi ma présence dans l'affût. C'est une autre paire de manches pour les adultes qui ne tolèrent pas du tout ma présence. C'est pour cela que la séance photo se doit d'être assez courte pour laisser les parents nourrir les jeunes sans trop de dérangement.
Le rongeur sera déchiqueté ou bien avalé d'un coup la tête la première. Tout ce que la chouette effraie ne peut digérer sera rejeté sous forme de pelote de réjection (poils, os) par le bec.
Comme tous les jeunes rapaces nocturnes, les chouettes effraies dodelinent de la tête avec de grands mouvements circulaires.
J'ai pu voir de jour comme de nuit les jeunes chouettes effraies se toiletter mutuellement.
Les jeunes chouettes effraies explorent le saule têtard et s’entraînent à voler. Pour le moment, elles utilisent beaucoup leurs griffes pour se déplacer. Cette nuit-là, j'ai pu voir les plus grandes de ces jeunes chouettes s'exercer à voler avec des fortunes diverses. L'une d'entre elles s'est coincée dans des branches du saule et est restée coincée plusieurs secondes la tête en bas avant de pouvoir se dégager.
Étirement de pattes.
Étirement d'ailes.
Bis repetita.
Mon torticolis me reprend !
J'ai utilisé dans un premier temps ma longue focale. trop longue d'ailleurs ! J'ai dû faire une prise de vue verticale pour que l'oiseau rentre dans le cadre. Toujours cette erreur de débutant de vouloir être trop près de son sujet...
Aïe ! Une photo que j'aurais aimé réussir : ces trois jeunes chouettes plantées comme des cierges. Malheureusement, ma focale est trop longue et je n'ai pas assez de profondeur de champ. On va dire qu'il y en a une sur les trois qui est nette. J'ai essayé par la suite de refaire cette photo : elles ne se sont jamais remises dans cette configuration...
Je ne me lasse pas de la beauté du plumage de la chouette effraie.
À bientôt pour de nouvelles aventures photographiques.